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Témoignage de Léo, travailleur, interpellé lors de la manifestation du 23 mars à Paris : « Un policier m’a menacé de me péter la gueule s’il me revoyait en manifestation. Ils m’ont arrêté à 300 mètres de la manifestation parce que j’étais habillé en cycliste »

J’étais habillé en cycliste, donc je portais une casquette et des gants de cycliste. Je me dirige vers la manifestation, et des policiers m’arrêtent pour contrôler mon identité. Ils me demandent pourquoi je porte des gants. Je leur réponds que je suis cycliste et que ce sont des gants de protection, ils me rétorquent alors que c’est interdit d’en porter et ils décident alors de m’emmener en garde-à-vue.

Donc ils m’ont arrêté à 300 mètres de la manifestation juste parce que j’étais habillé en cycliste. Un des policiers m’a menacé ensuite de me « péter la gueule » s’il me voyait en manifestation. Il m’a dit que les manifestants étaient violents, et que la police ne faisait que se défendre face aux violents.

Durant l’interpellation, il m’a regardé droit dans les yeux en me disant : « je suis très physionomiste, je me rappellerai de ton visage, j’espère que le message est passé ».

En arrivant au commissariat, l’OPJ a directement coché sur sa feuille : « rassemblement en vue de commettre des violences », sans même demander pourquoi j’étais là.

J’étais avec d’autres manifestants dans ma cellule, qui avaient été ramassés et tabassés par des policiers. J’ai fait 42 heures de garde-à-vue, et on a été nourri trois fois en deux jours.

Les conditions étaient très dures, par exemple le bouton pour demander à aller aux toilettes ne fonctionnait pas donc il fallait taper très fort contre la porte, et ils arrivaient au bout d’une heure pour nous dire qu’on devait encore attendre.

Pendant mon audition, les policiers ont eu des propos ouvertement homophobes. Une policière disait, d’un ton insultant et moqueur : « Nous on n’est pas homophobes, on aime bien les PD » en répétant dix fois cette insulte.

À 3 heures du matin, j’ai été emmené au tribunal. J’avais une très grosse migraine, je n’avais pas mangé ni bu, j’ai demandé un médecin et mon avocat. Je n’ai vu un médecin que 4 heures après, et ils n’ont jamais appelé mon avocat. Je suis passé devant le procureur après 9 heures d’attente, sans mon avocat.

Je dois maintenant réaliser un stage de citoyenneté qui coûte 150 euros et je dois payer une amende de 200 euros à une association « d’aide aux victimes »

Je ne les aimais déjà pas, maintenant je les hais. Tous les jours, je les vois en bas de chez moi contrôler les mêmes personnes qui n’ont rien fait comme ce fut mon cas. Depuis mon arrestation, j’ai décidé de me renseigner et de me documenter sur l’institution policière.

J’avoue que j’ai mis deux semaines à retourner en manifestation après l’épreuve de ma garde à vue. Mais j’y suis retourné, et je serai en manifestation le 6 juin.”

Via:
https://www.revolutionpermanente.fr/Temoignage-Un-policier-m-a-menace-de-me-peter-la-gueule-s-il-me-revoyait-en-manifestation?var_mode=calcul

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