7.07.2023 Tours – Indre-et-Loire- France : La misère banalisée de la prostitution de mineures issues de foyers de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE)
C’est une histoire misérable vécue dans le huis clos d’un appartement loué à la nuit dans le quartier de la gare de Tours.
Un hébergement réservé en ligne via une plateforme spécialisée qu’Abdelkarim est suspecté d’avoir retenu pour abriter les passes infligées à Leïla (1).
Un commerce mené fin décembre 2021 qui a vu la mineure, 16 ans au moment des faits, rejoindre l’appartement à mesure que des clients réclamaient ses services.
Les relations sexuelles tarifées sont réglées en espèces sonnantes et trébuchantes, épiées par le mis en cause planqué dans un coin du studio.
La Tourangelle aurait eu affaire à une dizaine d’hommes en autant de jours, dirigée vers ses clients d’infortune par Abdelkarim et sa petite amie.
Mineure et sans doute soumise à la prostitution, cette dernière sera convoquée devant un juge des enfants.
Sur fond de misère sociale et psychologique, le Seine-et-Marnais, cheveux longs, nez aquilin et bouc entretenu, aurait organisé le réseau.
Poursuivi pour des faits de proxénétisme aggravé, il sera jugé le 20 septembre 2023 devant le tribunal correctionnel de Tours.
Le temps qu’une expertise psychiatrique, obligatoire dans ce genre de dossier, soit réalisée, il patiente en prison, où il purge une peine pour évasion.
S’il « conteste les faits qui lui sont reprochés », d’après son avocate, Me Sevim Kasay, le jeune homme se trouve en situation de récidive.
D’après les éléments portés à notre connaissance, Leïla aurait été recrutée par l’intermédiaire d’une amie de foyer, placée avec elle auprès de l’Aide sociale à l’enfance.
Une parade trouvée par l’intermédiaire pour échapper à la proposition qui lui avait été faite de se prostituer.
« Leïla a été attirée par l’argent qu’on lui faisait miroiter et appâtée par l’amitié qui la liait à cette femme », explique une source judiciaire.
Très vite, Leïla aurait dénoncé les passes auxquelles elle était contrainte à une éducatrice.
« Ça la dégoûtait, elle ne supportait pas », lâche-t-on dans son entourage.
Abdelkarim, déjà condamné trois fois, essentiellement pour des affaires liées aux stupéfiants, encourt jusqu’à dix ans de prison.
(1) La victime étant mineure, son prénom a été modifié.