Non, le calvaire des personnels soignants suspendus n’est pas fini : “La réintégration, c’est pire que la suspension, moi je l’appelle la désintégration”. Entretien avec Jean-Louis, du collectif “Les Essentiels”
Jean-Louis, les Essentiels – Comme je le pressentais ce sont les conditions dans lesquelles s’opère la réintégration qui sont déterminantes. Pour quelques cas isolés elle s’est bien passée, elle leur a permis de souffler, de revivre un peu, mais pour beaucoup le calvaire est loin d’être terminé, il est même plus douloureux que jamais. Il l’est d’autant plus que leur problème est aujourd’hui réglé dans l’esprit de tous, alors que c’est bien souvent le coup de grâce, la mise à mort finale. L’une de ces soignantes exprime bien un sentiment assez partagé :
“La réintégration c’est pire que la suspension, moi je l’appelle la désintégration.”
Privés de leurs droits les plus élémentaires, dont celui au travail inscrit dans la Constitution, ils sont exsangues et criblés de dettes après 20 mois sans ressources ; pour manger ou nourrir leur famille certains ont dû vendre leurs meubles, leur voiture, leur maison, ils n’ont plus rien ! Comment se reconstruit-on au sortir d’une telle épreuve ? On n’en sort pas indemne, on ne s’en relève pas du jour au lendemain et les séquelles psychologiques vous marquent à jamais. Axelle, par exemple, l’exprime ainsi :
“Je mesure comme ma blessure est grande et comme elle sera longue à refermer. Même si je rebondis je resterai une suspendue.”
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