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« Ce sont souvent des familles pauvres qui trouvent plus facile de mettre un enfant devant une webcam que d’aller se courber le dos à planter du riz ou de travailler dans les champs de canne à sucre », explique Laurence Ligier. Le salaire moyen de ce pays d’Asie n’excède pas les 300 dollars par mois.

Le réalisateur Jean-Baptiste Renaud a pu constater qu’il s’agissait de « petits réseaux familiaux, impliquant parfois les voisins. Ce ne sont pas de grands syndicats du crime organisé qui sont derrière tout cela ». D’après le journaliste, « ces réseaux sont plutôt urbains, parce que pour récupérer l’argent avec Western union, ça se fait plus facilement en ville ».

L’équipe de Jean-Baptiste Renaud a pu recueillir le témoignage notamment d’une jeune fille de 11 ans. Ses parents lui imposaient ces crimes pour « agrandir leur maison », d’après les témoignages du voisinage et du maire de la ville. « Quand ils sont arrivés de Manille, ils vivaient dans une cabane et puis ils ont pu s’acheter cette maison. Quand on est devant, on pense immédiatement au nombre de lives shows que les enfants ont dû faire pour que la famille arrive à se la payer. Cette famille semble s’être enrichie rapidement », rapporte le réalisateur.

Jona quant à elle, ne sait pas combien d’argent touchait sa mère, ni comment, mais elle sait que ses « prestations » étaient rémunérées. Pour certaines victimes, le nombre de transactions financières glace le sang.

« Sur plusieurs années, on a plusieurs centaines de virements, avec un seul commanditaire », confie Ludivine Piron membre d’Ecpat France, association qui milite contre l’exploitation sexuelle des enfants. Et il y a généralement plusieurs clients pour un seul enfant.

« Les filles ont l’impression d’aider la famille. Elles sont manipulées par leurs proches qui leur disent : ‘Tu peux bien le faire, c’est pour notre maison’. C’est quelque chose qui revient tout le temps », assure Laurence Ligier.

Les Philippines sont devenues l’épicentre mondial du commerce de pornographie infantile. D’après le Centre de ressource des femmes (CWR), environ sept millions d’enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année dans ce pays de 114 millions d’habitants. Une femme ou un enfant sont violés toutes les 53 minutes.

Jona a aussi été victime d’inceste par son demi-frère de 20 ans, et de maltraitance physique par sa mère et sa grand-mère. La jeune fille a déposé plainte et est maintenant menacée de mort par ces dernières.

« Elle était bonne élève petite, mais sa mère l’a forcée à travailler dans les champs et à arrêter l’école pendant un certain temps », confie Laurence Ligier de Caméléon.

Selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), on dénombre aux Philippines près de trois millions d’enfants âgés de 5 à 15 ans qui ne sont pas scolarisés. « Il est d’autant plus urgent d’agir pour protéger et respecter les enfants que 31% de la population est âgée de moins de 14 ans », alerte l’association Caméléon.

Jona est depuis 2019 prise en charge par cette association dans le centre de Silay, dans la province de Negros, accueillie dans l’une des trois maisons d’accueil construites pour protéger ces enfants. « Nous l’aidons comme toutes les autres petites et jeunes filles âgées de 5 à 21 ans, à soigner ses traumatismes et à se reconstruire », explique Laurence Ligier.

La jeune fille bénéficie d’un suivi psychologique pour soigner ses traumatismes. « À chaque fois que je vois des étrangers, j’ai le cœur qui bat fort et qui s’emballe », confie l’adolescente qui souffre de stress post-traumatique.

Jona a repris le chemin de l’école et devrait pouvoir suivre des études supérieures pour un jour, elle espère, devenir policière et aider les enfants victimes comme elle.

Source (https://actu.fr/societe/viols-d-enfants-en-ligne-l-homme-derriere-l-ecran-etait-degoutant_58095788.html)

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