Le deuxième jour du procès de la nounou de Soues. Cette dame de 61 ans est jugée en appel pour violence ayant entrainé la mort de Sasha, un bébé de 4 mois dont elle avait la garde, victime du syndrome du bébé secoué. C’était en novembre 2013.
Lors du premier procès il y a deux ans à Tarbes la nounou a été condamnée à 7 ans de prison. Comme depuis le début la Nounou nie avoir secoué le bébé.
La journée a été marquée par l’audition de Julie et Ahmadou Bello, les parents du petit Sasha. Ils ont parlé avec beaucoup d’émotion et de dignité.
Ahmadou est un ancien judoka de haut niveau. Il en impose. Mais à la barre le papa craque quand il raconte les dernières heures de son fils. Avec sa femme ils ont été placés en garde à vue quelques heures avant d’être innocentés. Du temps qu’ils n’ont pas passé auprès de Sasha. Ahmadou est musulman mais il est allé implorer la Vierge à Lourdes pour que Sasha survive.
Il raconte lui avoir dit : “je donnerais ma vie pour que mon fils revienne sur terre cinq minutes, pour qu’il embrasse sa mère et qu’il fasse la connaissance de ses soeurs”. Et puis il y a eu ce moment où on a proposé aux deux parents d’accompagner Sasha quand il a été décidé de le débrancher. Il était en mort cérébrale depuis plusieurs jours. Julie raconte que Sasha est mort dans ses bras. Ahmadou raconte que Sasha s’est battu. Qu’il a mis du temps à partir. Qu’il lui a dit de ne plus lutter. Ahmadou raconte à la cour le manque. “Je ne pourrai jamais le marier, ni l’amener au judo ou lui apprendre à pêcher”.
Pour avoir la vérité qu’elle réclame depuis dix ans, Julie fera une dernière tentative, en s’adressant à Annye la nounou, comme lors du premier procès il y adeux ans : “je vous demande cette vérite une nouvelle fois”. Les jurés s’accrochent, mais certains se mouchent et tous ont du mal à cacher leurs émotions.
C’est l’autre temps fort de cette deuxième journée : la diffusion des appels de la Nounou au 18 le jour du drame. Cet appel ne permet pas de comprendre ce qu’il s’est passé, mais raconte l’état de panique de l’accusée. Tout d’abord elle crie “vite” en attendant que passe le message d’accueil qui semble interminable. Dès que ça décroche, elle explique que Sasha va très mal : “je ne sais pas ce qu’il a. Il est tout mou”. Elle donne son adresse. L’opérateur lui demande de se calmer. Et il y a un deuxième appel. Elle est tout autant paniquée. On lui passe cette fois le SAMU. Nouvelle musique d’attente et on l’entend parler à Sasha : “chéri ? Minou?”. A l’opératrice elle dit que l’enfant est inerte. On lui passe un médecin. Nouvelle attente durant laquelle elle solicite encore Sasha. Mais le ton est plus suppliant. Comme si elle commençait à réaliser la gravité de la situation.
Dernier jour d’audience ce jeudi. Le verdict devrait tomber en fin d’apres midi.