Y aura-t-il un jour un statut du « parent isolé » au niveau national avec carte et droits spécifiques ? Certaines villes militent pour cela et ont décidé de faciliter au niveau local le quotidien des familles monoparentales. L’objectif : accorder aux « mamans solos » (dans plus de 80 % des cas, c’est une femme qui s’occupe seule des enfants) des droits spécifiques, comme des aides au logement, la possibilité de partir en week-end plus facilement, ou encore un soutien économique concernant la cantine, les activités culturelles et sportives des enfants. Un véritable enjeu pour ces familles, plus pauvres que la moyenne, qui représentent aujourd’hui une famille sur quatre d’après l’Insee.
Après Ris-Orangis (Essonne), la première ville à avoir adopté un statut spécial pour les « parents isolés » en mai, créant 21 droits spécifiques, d’autres ont suivi, comme Montpellier (Hérault) ou encore Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis).
« La situation devient de plus en plus urgente »
« De nombreuses femmes se sont présentées à la mairie cet été pour se saisir de ces nouveaux droits, assure le maire de Ris-Orangis, ville de 30 000 habitants, Stéphane Raffalli (PS). Nous avons aussi été contactés par des communes partout en France, comme Marseille ou Grenoble, qui envisagent elles aussi d’agir pour ces mères et pères isolés. Nombreuses sont les familles, après une séparation, qui basculent vers la précarité. La situation devient de plus en plus urgente. »
À Ris-Orangis, sur 5 536 familles avec enfants, 1 707 sont qualifiées de monoparentales selon les chiffres de l’Insee de 2020, ce qui représente plus de 30 % des ménages. Dans cette ville de la banlieue sud, ce statut offre notamment des points supplémentaires pour les familles monoparentales dans les critères d’attribution des places en crèches municipales, un parcours santé spécifique, ou encore la création d’une carte « famille monoparentale » avec l’agglomération Grand Paris Sud pour avoir des réductions dans les cinémas, salles culturelles ou piscines. L’intérêt pour le maire est aussi d’ouvrir une brèche.
« C’est un angle mort des politiques nationales »
La mission semble en passe d’être accomplie. À quelque 700 km de là, la ville de Montpellier (Hérault), où 40 % des familles sont monoparentales, a aussi adopté le 11 juillet une délibération en ce sens. Séjours de répit pour les femmes seules, réductions sur les activités socioculturelles dans la ville, gratuité dans les transports publics ou ouverture d’une crèche à horaire atypique font partie de l’arsenal de mesures qui ont été réfléchies avec l’antenne locale de l’association la Collective des mères isolées.
« Nous essayons de faire de ce sujet une priorité au niveau local en espérant que lors des prochaines élections municipales, en 2026, cela serve d’exemple », assure le maire Michaël Delafosse (PS). « C’est pour l’instant un angle mort des politiques nationales, qui s’appuient sur des logiques familialistes issues de l’après-guerre », dénonce aussi le maire.
Plus au nord, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), le maire, Karim Bouamrane (PS), dont le nom a, un temps, été cité pour Matignon, a aussi mis en place début septembre un bureau dédié à la mairie, « guichet unique » où les parents isolés peuvent se rendre afin de recueillir des informations sur les dispositifs qui leur sont destinés.
« C’est au niveau local qu’on invente les choses »
PRODPRESS g1, [27/09/2024 00:41]
Aides au déménagement et au stockage de meubles, au soutien scolaire et au mode de garde pour les enfants ou encore aide juridictionnelle en cas de divorce : là aussi, l’objectif est de contribuer de façon concrète à la vie quotidienne de ces familles. À l’origine d’une proposition de loi transpartisane visant à lutter contre la précarité de ces familles, le député de l’Eure Philippe Brun (PS) se « réjouit » de voir autant de villes de saisir du sujet.
Source https://www.leparisien.fr/societe/famille/aides-pour-les-parents-solos-de-montpellier-a-saint-ouen-les-initiatives-se-multiplient-dans-les-villes-26-09-2024-BVH5GC3DWFDXDKS6ZD5KEO2XAI.php