L’affaire remonte à avril 2021. Cette femme, âgée aujourd’hui de 63 ans, est soupçonnée d’avoir, dans la nuit du 14 au 15 avril, à Habas, administré du Temesta, un tranquillisant, à ses deux petits-enfants (des Pyrénées-Atlantiques) qu’elle gardait, d’alors 10 et 11 ans, ainsi qu’à son conjoint (59 ans à l’époque), avant de mettre le feu à la maison. Tous ont été sauvés, elle y compris, in extremis par l’intervention des pompiers.
L’origine criminelle a rapidement fait peu de doute, la grand-mère est rapidement devenue la principale accusée. Elle a reconnu les faits sans pour autant donner véritablement explication. Il est prévu que ce procès dure toute la semaine.
La préméditation retenue
Tentative d’assassinat, cela signifie que que la préméditation a été retenue à l’issue de l’instruction. Les investigations menées mettent effectivement en exergue plusieurs éléments tangibles. Quand les pompiers arrivent sur les lieux d’abord, ils trouvent une maison comme “bunkerisée”. Impossible d’y entrer. La porte est fermée à clé, chaque fenêtre a les stores baissés. Il n’y a pas d’électricité, le compteur a été disjoncté.
Dès les premières constatations, les gendarmes trouvent rapidement un briquet, sur une chaise, des épandages de carburant un petit peu partout dans la maison, des bidons d’essence dans le garage. Comme si tout s’était soudain arrêté. Figé. Que le plan n’avait pu aller à son terme. Serait-ce la faute de l’alarme ? Qui, malgré tout, a fonctionné, grâce à une batterie (ce qui a permis, in extremis, de sauver tout le monde).
Il y a aussi ces virements, 9.000 euros en tout, effectués sur le compte de la maman des deux garçons, quelques minutes avant que l’alarme ne se déclenche. Un juge demandera au moment de la reconstitution : “9.000 euros, c’est ce que vaut la vie de vos petits-enfants ?” Sans compter qu’elle était chez le médecin peu avant les faits pour se faire prescrire… le fameux Temesta, pile le jour où le docteur qui la suit ne travaille pas. Les recherches, aussi, depuis son ordinateur sur Google : “Le Temesta fait-il dormir ?”.
Une personnalité complexe
Lors de ses différentes auditions, l’accusée réfute la préméditation. Parle d’un coup de folie. Au fil de l’enquête, une personnalité complexe se dessine. Il y a toute la facette “mamie gâteau”. Une grand-mère très protectrice avec ses petits-enfants. En prison, elle écrit qu’elle les aime, qu’ils sont la prunelle de ses yeux.
Pourtant, lorsque les psychiatres la questionnent, elle n’exprime aucune empathie envers les victimes de cet incendie, donc Hugo et Timéo.
Les spécialistes écrivent faire face à une “personne paradoxale”, “manipulatrice”, dotée d'”un narcissisme extrêmement marqué”. Sur les faits, c’est une personne qui dit n’avoir aucun souvenir. Ne pas pouvoir expliquer comment ni pourquoi cela s’est passé. Elle est pourtant capable de raconter la journée de la veille en détails.
En tout, cette femme sera cinq fois auditionnée. Elle lâche quelques détails : “J’ai mis les médicaments dans la soupe qu’on a mangé le soir”, peut-on lire dans l’ordonnance de mise en accusation. C’est à peu près tout. Elle finit par se murer dans le silence.
Quel comportement va-t-elle adopter pendant le procès ? Va-t-elle répondre aux questions ? S’expliquer, enfin, trois ans après ? Beaucoup l’attendent. À commencer par l’un des deux petits garçons. Son frère, lui, l’a effacée de sa vie, ne veut plus jamais entendre parler d’elle, nous confiait il y a peu son avocat.