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Dans un livre-enquête, le journaliste Tristan Berteloot affirme que le patron du Rassemblement national a contribué à fabriquer de “fausses preuves” de travail

Il n’est pas renvoyé devant le tribunal correctionnel, mais son nom planera sur le procès. Dans un livre-enquête du journaliste Tristan Berteloot, “La Machine à gagner : Révélations sur le RN en marche vers l’Elysée”, Jordan Bardella est accusé d’avoir, lui aussi, fait partie du “système de détournement” de fonds publics européens qui vaut à 25 personnes, dont Marine Le Pen, et au Rassemblement national (RN), d’être jugés à partir du lundi 30 septembre.

Si l’actuel patron du parti d’extrême droite n’est pas sur le banc des prévenus au tribunal judiciaire de Paris et n’a jamais été entendu par les enquêteurs ou les juges dans ce dossier, il a pourtant contribué, selon l’auteur du livre, à fabriquer “de fausses preuves de travail” pour “berner la justice”.

Jordan Bardella a été, durant quelques mois en 2015, l’assistant parlementaire de l’eurodéputé Jean-François Jalkh, qui ne sera finalement pas jugé en raison de son état de santé “très dégradé” après un accident vasculaire cérébral. Selon Tristan Berteloot, son nom apparaît bien dans l’organigramme publié en février 2015 par le Front national (devenu Rassemblement national en juin 2018). Jordan Bardella y est désigné comme “chargé de mission” auprès de Florian Philippot, ancien vice-président du FN, alors qu’il est aussi “censé être l’assistant parlementaire local de l’eurodéputé Jean-François Jalkh”.

Pour cette mission de “quatre mois et demi”, Jordan Bardella a “perçu un salaire de 1 200 euros net mensuel”, soit un coût de “10 444 euros” pour les instances européennes….Jordan Bardella n’a pourtant jamais “rééellement [exercé] ses fonctions” d’assistant parlementaire.

Fin 2017, 2 ans après l’ouverture d’une enquête par le parquet français sur cette affaire, l’équipe de l’étoile montante du RN, alors porte-parole du parti et bientôt candidat aux européennes de 2019, a “prépar[é] un dossier de preuves factices, antidaté de la période où Jordan Bardella était employé comme assistant”, avance Tristan Berteloot.

Le dossier en question contient des revues de presse régionale “couvrant la période de contrat” comme assistant parlementaire, de février à juin 2015. Problème : “la date de recherche” a été recouverte de “blanco”. Sur ces documents, Jordan Bardella “a écrit à la main les mots ‘politique locale’, ‘divers’, ‘société'”.

Dans un autre article publié par Libération(Nouvelle fenêtre), le journaliste reproduit la copie d’un agenda de 2015, livré, selon un bon de commande également reproduit par le quotidien, au siège du Rassemblement national en 2018, puis rempli à la main par Jordan Bardella pour “fabriquer d’autres fausses preuves de travail”. Y figurent sur douze pages des dates de réunions plénières et des déplacements à Bruxelles, explique Tristan Berteloot.

Confronté à ces documents dans l’émission “Complément d’enquête” diffusée jeudi 19 septembre sur France 2, Jordan Bardella a reconnu son écriture sur la revue de presse.

“Peut-être, et quand bien même c’est la même ? Je ne suis pas concerné par l’affaire des assistants”, a-t-il balayé. Il a par ailleurs annoncé qu’il allait porter plainte pour diffamation contre le journaliste.

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