« Meissane n’était pas dans les embrouilles » : incompréhension à Aulnay après le meurtre d’un ado de 16 ans. Depuis le drame, des médias ont relayé l’hypothèse d’un règlement de comptes, ses amis démentent formellement son implication dans ce genre d’affaires.
Au lycée Jean-Zay, élèves et enseignants sont encore sous le choc. Ce vendredi soir, Meissane a été poignardé à quelques centaines de mètres seulement de l’établissement. A priori sans histoire, l’adolescent se serait retrouvé « au mauvais endroit, au mauvais moment ».
C’est un lundi matin qu’on aurait aimé ne jamais vivre au lycée Jean-Zay d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Alors que midi vient tout juste de sonner, les élèves sortent au compte-gouttes de l’établissement. La tête basse, les lycéens jettent un rapide coup d’œil à la voiture de police stationnée là. Si certains avaient oublié le drame qui s’est déroulé ce week-end, la présence de cette patrouille est là pour le leur rappeler.
Vendredi soir, trois adolescents ont été victimes d’une violente agression. À quelques mètres du restaurant Big Dal, lieu de rendez-vous incontournable des jeunes d’Aulnay, les trois ados de 16 ans ont été attaqués à coups de couteau. Alors que les deux premiers ont pu sortir de l’hôpital, le troisième, touché notamment à l’artère fémorale, n’a pas survécu.
« C’était un mec gentil »
Au lycée Jean-Zay, on se demande encore comment ça a pu tomber sur lui. « Meissane, il n’était pas dans les embrouilles, confient plusieurs de ses amis à la sortie de l’établissement. Il habite un pavillon, il traîne au Vieux-Pays, là-bas, c’est calme. » Alors que, depuis le drame, des médias ont relayé l’hypothèse d’un règlement de comptes, ils démentent formellement l’implication de leur ami dans ce genre d’affaires.
Scolarisé en première STMG, l’ado n’avait rien d’un caïd, assurent ses amis. « On a vu ça, mais Meissane il était jamais dans les problèmes, martèlent-ils. Il était toujours souriant, c’était un mec gentil », lâche le petit groupe.
À la sortie de l’établissement, on évoque un garçon « drôle », entouré de « beaucoup de copains », « quelqu’un de bien », résume le maire (LR) d’Aulnay-sous-Bois, Bruno Beschizza, qui a passé plusieurs heures, dimanche, aux côtés de la famille endeuillée. « On n’est pas du tout dans tout dans le cadre d’un règlement de comptes pour stups », affirme l’élu.
Six mineurs présentés à un juge
Alors qu’on craignait une nouvelle histoire sur fond de rivalité entre les quartiers Balagny et Chanteloup — le parquet de Bobigny lui-même évoquait samedi cette possibilité — Bruno Beschizza le répète ce lundi, l’agression ne serait pas liée. « Meissane était là au mauvais endroit, au mauvais moment », affirme l’élu, qui souhaite à tout prix éviter un embrasement.
« La famille est dans la colère mais absolument pas dans une logique de vengeance, martèle le maire. Tous les auteurs ont été soit interpellés, soit se sont rendus eux-mêmes, on entre maintenant dans le temps du judiciaire », rappelle le maire, faisant référence aux gardes à vue entamées ce samedi.
Au total, six mineurs devaient être présentés ce lundi devant le juge d’instruction. Une information judiciaire a été ouverte pour les chefs de « meurtre en bande organisé, tentative de meurtre en bande organisée, et violences aggravées », détaille le parquet de Bobigny, qui réclame un mandat de dépôt pour cinq d’entre eux.
« Je ne pensais pas que ça pouvait nous arriver »
Chez les lycéens, les sentiments sont partagés. Entre la détresse immense d’avoir perdu leur ami et la colère de savoir ce qu’il s’est passé. « J’ai la haine, avoue Gabriel, C’est pas comme s’il avait eu un accident, il s’est fait poignarder. » Au sein du lycée Jean-Zay, on ne comprend pas comment tout a pu basculer. « C’est à force d’écouter les rappeurs, certains sont matrixés (sic), comment on peut poignarder quelqu’un ? » s’interrogent-ils.
Selon ces adolescents, Meissane se serait seulement interposé pour défendre son ami, initialement ciblé. « Il est mort parce qu’il a voulu aider », souffle Ryan. « On entend souvent des histoires où il y a des jeunes poignardés, mais je pensais pas que ça pouvait nous arriver, lâche un autre élève. C’est gratuit. »
Dans le lycée, les noms des auteurs présumés circulent déjà depuis le début du week-end. « Aulnay, c’est petit vous savez, on se connaît tous », lâche un lycéen. L’un des agresseurs serait même scolarisé au sein du même établissement que Meissane.
Dès samedi, des renforts CRS avaient été dépêchés dans ce secteur d’Aulnay pour éviter toute tentative de représailles. Au lycée Jean-Zay, une patrouille de police était présente dès le début des cours ce lundi, des agents de sécurité de l’Éducation nationale encadraient également l’entrée de l’établissement pour éviter un nouveau drame.