L’un des policiers avait mĂŞme rĂ©digĂ© un procès-verbal (PV) d’intervention et imitĂ© les signatures de ses chefs.
Les trois prévenus avaient en fait été appelés le 7 octobre 2023, peu avant 5h du matin, par l’agent de sécurité d’un parking souterrain de la place Bellecour : il avait vu « deux groupes » attroupés autour de voitures et s’inquiétait d’une possible tentative de vol de véhicules.
Au total, 13 policiers s’étaient donc rendus sur les lieux pour les « sécuriser » en raison de leur « emplacement particulier ».
Mais sur place, aucun vol de véhicule n’avait en réalité été à déplorer : seule s’y trouvait la voiture en panne de 2 jeunes filles, avec un groupe d’hommes affairé à tenter de les aider. Lorsqu’il avait vu approcher les policiers, l’un d’eux, Jalel* XXX, avait donc demandé de l’aide aux fonctionnaires, qui ont refusé de l’aider. «C’est pas notre mission», aurait asséné l’un des fonctionnaires.
Dans ces conditions, l’intervention avait dégénéré : après une «palpation de sécurité», Jalel XXX avait été «porté au sol» et «étranglé». Il avait aussi reçu des «coups dans le ventre» et un «coup de chaussure dans la tête».
Avec un nez et une dent cassés, et de nombreux hématomes sur le visage, il lui a été prescrit 9 jours d’interruption totale de travail (ITT).
La victime avait malgré tout été conduite en garde à vue pour «outrage», «rébellion», «dégradation de bien privé» et «détention de stupéfiants»
Pourtant, pour Yassine* XXX, le plus âgé des trois policiers mis en cause, l’intervention s’était «bien passée». «L’intervention était nécessairement musclée en raison du comportement de monsieur», a-t-il expliqué lors de son procès. Le «coup de poing dans le ventre» de Jalel XXX avait pour seul but de «maintenir au sol» la victime et éviter qu’elle ne se relève.
Maxim* XXX, lui, reconnait avoir « porté au sol» Jalel XXX avant de lui porter « 2 coups de poings ». Une intervention « disproportionnée », reconnaît-il, mais la victime «a monté les coudes vers le collègue, j’ai eu l’impression qu’il allait lui porter des coups ».
Le policier était également poursuivi pour «faux en écriture publique» : après l’intervention, il avait rédigé un procès-verbal (PV) d’intervention et imité les signatures de ses chefs…
Le 3e policier, Corentin* XXX, explique avoir donné un «coup de rangers» dans le visage de la victime, mais de façon « involontaire » : il se trouvait dos à la victime au sol quand cette dernière lui aurait « agrippé le pantalon ». Il aurait alors voulu alors se «dégager» de son étreinte et aurait heurté le visage de la victime avec sa chaussure.
Pour les avocats de la défense, les policiers sont donc trois « bleus » qui auraient dû être mieux encadrés par leur hiérarchie : Maxim XXX et Corentin XXX avaient 23 ans et n’avaient que 2 ans d’expérience dans les rangs de la police nationale lors de l’intervention. Yassine XXX, lui, était âgé de 27 ans et était rentré dans la police en 2017.
En interne Yassine XXX n’a écopé d’aucune sanction disciplinaire, Maxim XXX et Corentin XXX, eux, avaient écopé d’1 «mois de poste» chacun.
L’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a aussi ouvert une enquête en mai 2024, 7 mois après les faits, mais les 3 policiers sont restés en place.
Ce lundi 28 octobre 2024, une semaine après l’audience, les 3 policiers ont été reconnus coupables et ont été condamnés à 10 mois de prison avec sursis et 1.000 € d’amende.
Le tribunal leur a également fait interdiction d’exercer leur métier pendant deux ans. Maxim XXX, Corentin XXX et Yassine XXX ont 10 jours pour faire appel, ce qui aurait pour effet de suspendre les effets du jugement.
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