Des produits et pratiques intimes curieuses
Outre la santé et la beauté, d’autres influenceuses s’aventurent, plus ou moins brillamment, dans le domaine de la gynécologie. Comme Gracy Deneubourg, suivie par 36 000 personnes sur Instagram, où elle aborde sans tabou son parcours en PMA et y fait la promotion d’une « cup de fertilité ». Cette coupe, qui se garde 20 à 60 minutes après un rapport sexuel, « ressemble à une cup menstruelle qui va nous permettre de bloquer les spermatozoïdes et les faire remonter vers le col de l’utérus », ce qui donnerait plus de chances de tomber enceinte, dit-elle.
Dans la communauté des femmes en PMA, l’outil fait débat. « Je suis allée lire sur le site et je me suis dit que c’était de la connerie… Si c’était aussi simple, on ne serait pas en PMA. Elle joue clairement sur le désespoir des gens pour faire du placement », déplore Julie*, abonnée de l’influenceuse.
Du côté de la profession, les doutes sont aussi là. Pour le professeur Michaël Grynberg, ce produit est surtout « commercial ». « Je ne suis pas sûr que ce soit révolutionnaire en termes de fertilité, il n’y a quasiment pas d’étude pour prouver son efficacité, sauf une qui porte sur 85 personnes, soit rien du tout, publiée dans un journal de très bas niveau, avec une méthodologie discutable », fustige le gynécologue-obstétricien, spécialiste notamment de l’infertilité. « On sait très bien physiologiquement que le temps de contact des spermatozoïdes est d’une fraction de seconde dans l’utérus, donc une exposition plus longue ne servira pas à grand-chose. »
Les influenceuses de téléréalité semblent aussi s’intéresser à la vie sexuelle de leurs abonnées. En février dernier, un extrait d’une story de Sarah Fraisou (2,2 millions d’abonnés sur Instagram), ancienne des « Anges de la téléréalité » et des « Princes de l’Amour », la montrait en train de vanter les mérites d’une « capsule de resserrement intime ». « J’ai tellement de confidences de femmes qui me disent par exemple mon mari m’a trompée parce que ça ne va plus au lit, et c’est vrai qu’on n’en parle pas assez et qu’on ne vous propose pas assez de produits naturels qui pourraient vous aider, vous les femmes », racontait-elle.
La remarque sexiste et la promotion du produit, qui n’a aucune valeur médicale, ont suscité un tollé dans les médias, la poussant à présenter ses excuses. « Ce n’est pas à cause de vous, ce n’est pas à cause de la forme de votre corps ou de vos parties intimes que votre mari vous trompe », avait-elle déclaré. L’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP) a d’ailleurs envoyé un courrier d’intervention auprès de la marque des capsules, Tight Flower, pour lui signaler plusieurs manquements.
Des stars motivées « par l’argent »
Avant elle, Maeva Ghennam, passée par les « Marseillais » et suivie par 3,3 millions de personnes, avait vanté les mérites de la labioplastie, une opération controversée visant à réduire les petites lèvres du vagin. « Moi j’ai de la chance, j’ai trop un beau vagin. Genre, j’ai pas les lèvres qui pendent mais il faut l’entretenir et mon docteur, c’est le meilleur pour ça. Genre là, c’est comme si j’avais douze ans ! », s’était-elle exclamée en septembre dernier depuis le cabinet de son spécialiste. La polémique était telle que la ministre déléguée de la Citoyenneté, Marlène Schiappa, avait demandé au Collège national des gynécologues et obstétriciens français de statuer sur cette pratique.
Malgré les alertes et les polémiques, les célébrités en ligne poursuivent quotidiennement leurs publicités de produits plus ou moins approuvés, sans être inquiétées. Contactées, aucune des influenceuses ou des marques mises en avant n’a répondu à nos demandes. Conséquence : les pratiques et produits risqués peuvent toujours se vendre, prévient Audrey, de « Vos stars en réalité ». « J’ai déjà eu des témoignages de filles brûlées à cause de ceintures d’électrostimulation promus par des influenceuses, avec des photos à l’appui », glisse-t-elle. Pour elle, le fond du problème réside dans le manque de scrupules – voire l’aveuglement – des stars d’Internet quand elles choisissent leurs partenariats : « Leur réelle motivation, c’est l’argent. »
*Le prénom a été modifié.
Source
https://www.leparisien.fr/societe/sante/cups-de-fertilite-et-resserrement-intime-ces-influenceuses-qui-vendent-des-produits-douteux-pour-les-femmes-22-05-2022-ODPERSLXSRB6BAGZSM55UFULOM.php