L’origine de l’embrasement de la cathédrale, en 2019, n’est toujours pas clairement identifiée. Et elle ne le sera pas au moment de la réouverture du monument au public, le 8 décembre.
“L’exploitation des expertises prendra encore plusieurs mois”, prévient le parquet de Paris, sollicité par franceinfo fin novembre. Pour l’heure, aucune mise en examen n’est intervenue dans ce dossier.
L’information judiciaire a été ouverte contre X le 26 juin 2019, du chef de “dégradations involontaires par incendie par violation manifestement délibérée d’une obligation de prudence ou de sécurité”, mais le temps judiciaire n’est pas le même que le temps médiatique.
Dans le détail, “toutes les expertises sur les scellés sont rentrées” à présent, fait valoir le parquet, mais les investigations ne sont pas terminées : une modélisation en 3D de la flamme “telle qu’elle a été filmée et photographiée” est en cours de réalisation. Cette modélisation devrait permettre de “déterminer au mieux l’origine de l’incendie” en la confrontant aux différentes hypothèses émises sur les causes du départ de feu, d’après la même source.
Rapidement après le drame, la piste accidentelle avait été privilégiée par le procureur de la République de Paris de l’époque, Rémy Heitz. “Rien ne va dans le sens d’un acte volontaire”, avait-il déclaré dès les premiers jours suivant l’incendie, en évoquant alors un mégot mal éteint ou un dysfonctionnement électrique.
Et pour cause, plusieurs ouvriers avaient reconnu devant la police avoir fumé sur le chantier malgré l’interdiction. Des mégots avaient également été retrouvés sur le site.
“En aucun cas, un mégot mal éteint peut être à l’origine de l’incendie de Notre-Dame de Paris”, avait à l’époque défendu avec véhémence Marc Eskenazi, porte-parole de la société Le Bras Frères, chargée de l’installation de l’échafaudage autour de la flèche de la cathédrale.
La zone de départ du feu, elle, est connue des enquêteurs. La flamme est partie des combles, plus exactement d’une poutre horizontale de la charpente, au niveau de “la sablière du mur gouttereau du chœur, à l’angle sud-est de la croisée du transept”.
Un périmètre au niveau de cette zone, autour du transept sud et du chœur avait alors été mis en place dans les combles : la zone, appelée “écarlate” par les autorités, était interdite d’accès, sauf pour les enquêteurs, rappelle le parquet de Paris.
En décembre 2022, les derniers résidus de plomb et de gravats de cette zone “écarlate” ont été collectés dans 21 sacs puis déplacés pour entreprendre une recherche d’indices. L’intégralité de la zone de départ de feu et la totalité des éléments qui auraient pu être piégés sous la chape de plomb fondu sont donc à présent exploités. De quoi permettre, le 6 juillet 2023, la levée des scellés sur cette zone sensible, retrace l’institution judiciaire.
Après l’incendie, la révélation, par Le Canard enchaîné et Marianne, de la présence dans la flèche de cloches électrifiées, dont les câbles se trouvaient dans les combles, avait déclenché de nombreuses spéculations. La thèse d’un problème au niveau du dispositif d’électrification de ces cloches a alors été étudiée. Cette piste n’est pas écartée cinq ans plus tard.
Début mars, des enquêteurs de la brigade criminelle, experts et juges d’instruction se sont rendus à Notre-Dame pour “se rendre compte des conditions dans lesquelles les travaux étaient effectués” et “visualiser le système électrique alimentant les cloches dans la flèche et l’armoire électrique”, déroule encore le parquet de Paris.
Via https://www.francetvinfo.fr/culture/patrimoine/incendie-de-notre-dame-de-paris/reouverture/cinq-ans-apres-l-incendie-de-notre-dame-de-paris-l-enquete-n-a-pas-encore-permis-d-en-etablir-les-causes_6918905.html