Pour la première fois, le taux d’emprunt à 10 ans de la France dépasse celui de la Grèce, le pays le plus endetté de l’Union européenne. Les marchés jugent désormais qu’il est aussi risqué de prêter à la France qu’à la Grèce.
“Il y aura une tempête, une situation financière assez grave”, a martelé le Premier ministre, rappelant que la France empruntait déjà à des taux très élevés sur les marchés “presque au niveau de la Grèce”.
Une déclaration en deçà de la réalité puisque ce matin le taux de l’obligation française a même dépassé celui de la Grèce. Et pas sur l’obligation à 5 ans comme en septembre dernier, mais bel et bien sur le taux à 10 ans, celui qui fait référence pour mesurer le spread avec les États.
Entre 9 heures et 10 heures ce matin, le “10 ans français” a grimpé jusqu’à 3,045% quand dans le même temps le “10 ans grec” ne dépassait pas les 3,04%. Le rendement de l’obligation française est depuis repassé sous celui du grec, mais ce dépassement même temporaire traduit une inquiétude rarement vue sur les marchés pour la situation française.
La prime de risque de l’obligation française est donc plus ou moins égale pour les investisseurs à celle de la Grèce, le pays qui a le ratio de la dette par rapport au PIB le plus élevé d’Europe (160% du PIB).
Pire, le “10 ans français” est désormais plus élevé que le taux de presque tous les pays que les anglosaxons surnommaient péjorativement les PIIGS au début des années 2010, à savoir le Portugal, l’Irlande, l’Italie, la Grèce et l’Espagne.
Le taux portugais est ainsi actuellement sous les 2,7%, l’irlandais sous les 2,5%, et l’espagnol sous 2,9%. Seule l’Italie fait pire que la France avec un taux d’emprunt sur le “10 ans” à plus de 3,4%.
En ce qui concerne le spread avec l’Allemagne, déjà au plus haut depuis 2012, il ne cesse de s’accentuer. Ce mercredi matin, il frôle les 90 points de base (0,9%) après avoir clôturé ce mardi soir à 84.
Les causes de la dégringolade française sont connues. Plus que les déficits publics ou le ratio d’endettement par rapport au PIB, c’est l’instabilité politique que jugent durement les investisseurs.
Si le gouvernement tombe fin décembre, “l’instabilité politique et fiscale s’aggravera à un moment où il n’y aura que peu de liquidités sur les marchés, ce qui pourra donner lieu à des mouvements exacerbés”, détaille la stratégiste.
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https://www.bfmtv.com/economie/le-moment-est-tres-grave-la-france-emprunte-desormais-plus-cher-que-la-grece-sur-le-taux-qui-fait-reference_AN-202411270609.html?at_brand=BFMTV&at_compte=BFMTV&at_plateforme=twitter&at_campaign=Fan_pages&at_medium=Community_Management