La France insoumise a annoncé qu’elle ne se rendra pas, à l’invitation de Macron, lundi à l’Élysée.
Manuel Bompard :
“J’ai été contacté par l’Elysée en vue d’un rendez-vous ce lundi pour participer à des négociations gouvernementales avec la droite. J’ai rappelé notre position.
Nous n’acceptons pas le coup de force du Président de la République qui a refusé de reconnaître le résultat des dernières élections en nommant un Premier Ministre issu du parti qui y a réalisé le moins de voix.
Nous n’acceptons pas que soit qualifié d’anti-républicain le recours à la motion de censure, alors que celle-ci est la contrepartie prévue par la Constitution en cas de refus du passage en force d’une loi par 49.3.
Dans ces conditions, pour sortir du blocage politique dans lequel le Président de la République a placé notre pays, nous avons déposé une motion de destitution du Président de la République. Seule une nouvelle élection présidentielle pourra rendre au peuple son pouvoir de décision clair et indiscutable par le vote.
En toute hypothèse, il n’est pas question de renier le mandat que les électeurs nous ont donné. Nous ne braderons le programme sur lequel ont été élus tous les députés du Nouveau Front Populaire pour participer à un gouvernement. Nous ne gouvernerons pas avec les partis présidentiels et de la droite traditionnelle alors que nous venons de censurer leur programme.
Les démarches entreprises en ce sens par le Parti Socialiste, proposant par exemple d’abandonner l’abrogation de la retraite à 64 ans pour participer à un gouvernement, n’engagent que lui. Aucun accord entre un parti du Nouveau Front Populaire et les partis présidentiels ne nous engagerait.
Nous sommes prêts à gouverner sur le programme pour lequel nous avons été élus. Nous en avons déjà tiré 156 amendements adoptés par l’Assemblée nationale dans le débat budgétaire. C’est pourquoi aucune discussion autre que la nomination d’un gouvernement du Nouveau Front Populaire ne saurait avoir lieu avec le chef de l’État. Nous n’irons donc pas à l’Elysée ce lundi.”
🔴Eric Coquerel estime qu’”on n’est pas dans une situation où il faut faire semblant et semer des illusions”
Le député LFI justifie la décision du parti de ne pas se rendre à l’invitation d’Emmanuel Macron pour des discussions sur le futur gouvernement et appelle le PS “à la raison”.
“Le cadre de la discussion était un cadre précis. C’est de réfléchir à une coalition gouvernementale, une sorte d’union nationale”, estime Eric Coquerel. Il rappelle que les élus insoumis n’acceptent pas “d’envisager une discussion avec ceux qui, depuis 7 ans, font mal aux pays, qui appliquent des politiques d’austérité, des politiques néolibérales”.
Selon lui, Emmanuel Macron “essaie de gagner du temps” et essaie de “nous diviser. Et pour nous, c’est hors de question”.
Si Emmanuel Macron nomme “un ministre de gauche issu du Nouveau Front populaire et qui, de manière très claire, peut appliquer la politique du nouveau Front populaire, et notamment toutes les mesures phares, la question” de discuter avec le chef de l’Etat “sera autre”, garantit Eric Coquerel.
“Si Monsieur Macron veut parler d’un gouvernement Nouveau Front populaire, on va tout de suite à l’Elysée. On discute avec lui.”
Si le Parti socialiste acceptait d’entrer dans une coalition gouvernementale avec des forces politiques autres que celles de gauche, “ce serait la fin du PS dans le NFP”, assure Eric Coquerel.
“Le Nouveau Front populaire, ce n’est pas seulement l’union des formations de gauche. C’est une stratégie et un programme de rupture.”
Il précise qu’il est “tout à fait possible” pour LFI “de continuer avec ceux qui partagent cet objectif”. Mais il juge que “le Parti socialiste, dans ce cas-là, romprait avec le Nouveau Front populaire de manière évidente”.
Eric Coquerel appelle également le PS “à la raison”.