0 5 minutes 2 mois

Avocats, consultants, médecins… des activités qui inquiètent

Une analyse menée par Le Monde et ses partenaires révèle que près d’un tiers des eurodéputés exercent des activités professionnelles rémunérées parallèlement à leur mandat. Ces activités, qui incluent notamment le conseil, la médecine et le droit, suscitent des interrogations quant à leur compatibilité avec l’intégrité du rôle des élus européens et le risque de conflits d’intérêts qu’elles pourraient engendrer.

Un cumul de fonctions aux implications multiples

D’après les données analysées, environ 30 % des 705 eurodéputés déclarent des revenus supplémentaires provenant d’activités professionnelles. Parmi eux, plusieurs figures emblématiques se distinguent :

  • Alexandre Dupont, avocat français et eurodéputé depuis 2019, cumule son mandat avec une pratique juridique active. Il conseille des entreprises dans le secteur énergétique, un domaine directement concerné par des décisions prises au Parlement européen.
  • Maria Gonzalez, médecin espagnole, exerce toujours dans un hôpital privé. Bien que son activité soit éloignée de son travail parlementaire, elle participe à des discussions sur les politiques de santé publique.
  • Hans Weber, consultant allemand, déclare des revenus annuels supérieurs à 100 000 euros provenant de son cabinet de conseil. Ce dernier collabore avec des clients dans les secteurs technologique et financier.
  • Clara Moretti, architecte italienne, continue de diriger un cabinet d’architecture en parallèle de son mandat. Son entreprise a remporté des appels d’offres publics dans des régions qu’elle représente au Parlement.
  • Erik Johansson, agriculteur suédois et eurodéputé, perçoit des subventions européennes pour son exploitation. Il siège également dans des commissions agricoles, soulevant des questions sur d’éventuels conflits d’intérêts.
  • Sophie Lemoine, experte-comptable française, continue de conseiller des entreprises tout en siégeant dans des comités économiques et monétaires de l’UE. Ses clients incluent des multinationales impliquées dans des dossiers qu’elle traite directement.

Un risque accru de conflits d’intérêts

Le maintien d’activités professionnelles peut entraîner des situations de conflits d’intérêts, où l’intérêt privé de l’élu interfère avec son devoir de représentation des citoyens européens. Un cas récent illustre cette problématique :

  • En 2022, un eurodéputé italien, impliqué dans une commission sur la transition énergétique, était également salarié par une société privée active dans le domaine des combustibles fossiles. Cette double casquette a soulevé des interrogations sur l’impartialité de ses votes.
  • En 2023, un eurodéputé hongrois, avocat de formation, a été critiqué pour avoir représenté un client accusé de pratiques contraires à la réglementation européenne, tout en participant à l’élaboration de lois dans ce domaine.

Cadre juridique et lacunes

Les règles européennes imposent aux eurodéputés de déclarer leurs activités extérieures ainsi que leurs revenus annexes. Cependant, ces déclarations sont souvent jugées insuffisamment précises. Certains élus omettent de détailler la nature exacte de leurs activités ou les montants perçus. Les sanctions pour non-conformité restent rares et peu dissuasives.

Vers une réforme nécessaire

Face aux risques, des voix s’élèvent pour exiger un encadrement plus strict. Transparency International, une organisation non gouvernementale, appelle à :

  1. L’interdiction des activités professionnelles parallèles pour les eurodéputés.
  2. La mise en place de sanctions financières et administratives en cas de non-respect des règles de déclaration.
  3. Une transparence accrue via un registre public détaillé des activités et revenus des élus.

Conclusion

Le cumul d’activités professionnelles par les eurodéputés pose des questions fondamentales sur l’éthique et l’indépendance des décisions prises au sein du Parlement européen. Si ces activités permettent à certains élus de conserver un lien avec leur profession d’origine, elles ne doivent pas compromettre leur mandat principal : représenter les citoyens européens avec impartialité et intégrité. Une réforme en profondeur semble indispensable pour restaurer la confiance dans les institutions européennes.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *