« Si François Bayrou se crame, il crame tout et emportera tout le monde avec lui », flippe un collaborateur du « bloc présidentiel ».
Le nouveau Premier ministre est l’alliĂ© historique du prĂ©sident, mais leur relation en dents de scie et les dĂ©buts chaotiques du BĂ©arnais Ă Matignon prĂ©sagent de fortes turbulences au sein de l’exĂ©cutif.
“Il claque la porte, menace, insulte… C’est la vieille Ă©cole très violente, contrairement Ă son image ronde.”
Interrogé jeudi 19 décembre sur France 2 sur les récits qui ont fleuri dans la presse sur sa nomination rocambolesque et le bras de fer engagé avec Emmanuel Macron, le patron du MoDem a répondu :
“Nous avons eu une discussion dans laquelle j’ai essayĂ© de lui montrer que je pensais qu’il fallait faire diffĂ©remment, c’est le choix qu’il a fait au terme de [cet Ă©change]”
“Il a tout de suite Ă©tĂ© conscient d’avoir gagnĂ© une Ă©preuve de force face Ă Emmanuel Macron, Ă qui il a dit : ‘Je vous ai rejoint pour faire de grandes choses, pas des petites'”, rapporte un proche du maire de Pau (PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques).
Ces dĂ©buts tumultueux sont Ă l’image de la relation en dents de scie que le deux hommes entretiennent malgrĂ© leur proximitĂ© politique depuis que François Bayrou a ralliĂ© Emmanuel Macron lors de la campagne de 2017.
“François est intellectuellement impressionnĂ© par le bonhomme, comme s’il avait enfin en face de lui quelqu’un Ă la hauteur, avec une vision qui correspond Ă la sienne, raconte Bruno Millienne, porte-parole du MoDem. Il y a quelque chose de l’ordre du fils spirituel, ils se sont tous les deux trouvĂ©s.”
En fĂ©vrier, François Bayrou n’avait ainsi pas de mots assez durs pour dĂ©noncer, en pleine constitution du gouvernement de Gabriel Attal, la “dĂ©rive” vers une “technocratie gestionnaire” d’un exĂ©cutif qu’il avait refusĂ© d’intĂ©grer.
“Il veut ĂŞtre Premier ministre bis, voire prĂ©sident bis. C’est vraiment un boutiquier”, taclait, Ă l’Ă©poque, un collaborateur macroniste. En septembre, lors de la formation du gouvernement de Michel Barnier, rebelote : les troupes du MoDem font grise mine. “Ils font leur coup habituel, ils veulent des postes en plus”, soupire un cadre Renaissance.
Aujourd’hui, les troupes bayrouistes rappellent fièrement leur indĂ©pendance vis-Ă -vis du prĂ©sident et de ses Ă©quipes. Elles ne manquent pas de souligner, par exemple, que le directeur de cabinet du Premier ministre, Nicolas Pernot, est un proche du BĂ©arnais.
“Ce n’est pas parce qu’on est en alliance que l’on est des Playmobil, on l’a dĂ©jĂ dit. C’est l’ADN du MoDem.”
Le BĂ©arnais, a “un tempĂ©rament bouillant” d’après un proche du prĂ©sident, est rĂ©putĂ© pour ĂŞtre dur en affaires. “J’ai fait des nĂ©gociations assez dingues avec lui : il claque la porte, menace, insulte… C’est la vieille Ă©cole très violente, contrairement Ă l’image ronde qu’il a”, rapporte un macroniste.
“Ça va mal se passer”, se marre un influent dĂ©putĂ© Ensemble pour la RĂ©publique (EPR). “Tous ceux qui ne connaissent pas [François] Bayrou ne vont pas ĂŞtre déçus du voyage.”Cela n’empĂŞche pas l’entourage prĂ©sidentiel de prendre ses distances, voire davantage, avec le Premier ministre.
Pour plusieurs membres du camp prĂ©sidentiel, cela traduit une forme de dĂ©fiance de l’ElysĂ©e envers Matignon.
“L’ElysĂ©e va faire la guerre, le prĂ©sident est incapable de cĂ©der le pouvoir. Ça ne va pas ĂŞtre terrible, comme lien”, prĂ©dit un Ă©lu MoDem, rejoint par Richard Ramos, dĂ©putĂ© du mĂŞme parti.
Via: https://www.francetvinfo.fr/politique/gouvernement-de-francois-bayrou/ca-va-mal-se-passer-entre-francois-bayrou-et-emmanuel-macron-une-forme-de-cohabitation-qui-ne-dit-pas-son-nom_6967040.html#xtor=CS2-765-[twitter]-