
Par ChrissM
Date : 20 mars 2025
Un brevet déposé par Google en 2013, récemment redécouvert, révèle une technologie audacieuse visant à synchroniser les ondes cérébrales des humains et des mammifères via le câblage électrique d’un bâtiment. Le document, intitulé « Appareil pour synchroniser les ondes cérébrales sur le câblage électrique d’un local » (US8579793B1), décrit un système complexe combinant neurosciences, génie électrique et algorithmes pour influencer les rythmes circadiens et ultradiens. Grâce à l’accès au texte intégral du brevet, nous détaillons ici son fonctionnement, ses revendications et ses implications potentielles.
Fonctionnement Technique : XOR, H-Bridge et Fibonacci
Le cœur de l’invention réside dans un microcontrôleur programmé pour générer deux signaux carrés :
- Un signal à très basse fréquence (VLF) (1 à 5 000 Hz), calqué sur les fréquences cérébrales humaines (ondes delta, thêta, alpha, etc.).
- Un signal à très haute fréquence (VHF) (500 kHz à 2,4 MHz), servant de porteuse pour traverser le réseau électrique.
Ces deux signaux sont combinés via une modulation logique XOR (OU exclusif), réalisée par un pont en H (H-Bridge). Ce dernier permet de générer un signal bipolaire, injecté dans le câblage électrique du bâtiment via des condensateurs de couplage (1 000 à 470 000 picofarads). L’objectif est de créer un champ électromagnétique capable d’influencer les ondes cérébrales sans perturber les appareils électroménagers.
Une particularité intrigante : le microcontrôleur est synchronisé par un cristal de quartz dont la fréquence est proche d’un nombre de Fibonacci (par exemple, 24 MHz, à moins de 1 % de 24 157 817, un nombre de la suite). Les inventeurs affirment que cette approche améliore l’interaction avec les systèmes biologiques.
Adaptation aux Rythmes Biologiques : Jour vs Nuit
Le système intègre un capteur de lumière ambiante (photocellule) pour alterner entre deux programmes :
- Mode jour : Favorise la concentration et la relaxation via des fréquences associées à l’éveil (ondes bêta, 12-30 Hz).
- Mode nuit : Induit un sommeil profond en émettant des ondes delta (0,5-4 Hz) et thêta (4-8 Hz), alignées sur les cycles ultradiens du sommeil.
Selon le brevet, le microcontrôleur suit des tables de fréquences préenregistrées, reproduisant les variations naturelles des rythmes circadiens sur 24 heures (voir Figure 1 du brevet). Des essais menés avec des électroencéphalogrammes (EEG) ambulants auraient confirmé la synchronisation des ondes cérébrales des utilisateurs avec les signaux émis.
Validation et Limites du Signal
Les inventeurs ont testé l’appareil dans un environnement domestique :
- Aucune interférence avec les appareils électriques (téléviseurs, ordinateurs, etc.) n’a été observée (Figures 6 à 10).
- La portée du signal est limitée au bâtiment et à 2 mètres à l’extérieur, évitant toute contamination des réseaux voisins.
- Une validation via une radio AM a permis d’entendre le signal modulé à 440 Hz, confirmant sa présence sans risque de brouillage.
Cependant, le brevet reconnaît des contraintes techniques :
- La longueur maximale des câbles ne doit pas dépasser 100 mètres.
- La charge électrique totale doit rester sous 250 ampères (plusieurs appareils sont nécessaires pour les grands bâtiments).
Applications Revendiquées : Du Sommeil à la Productivité
Google envisage des applications dans :
- Les habitations : Amélioration du sommeil et réduction des insomnies.
- Les espaces de travail : Optimisation de la concentration grâce à des fréquences stimulantes.
- Les thérapies : Gestion du stress ou des troubles anxieux via un environnement « résonant ».
Les inventeurs soulignent que cette technologie évite le recours à des dispositifs invasifs (casques EEG) en utilisant l’infrastructure existante.
Questions Éthiques et Scientifiques
Si l’idée séduit, elle soulève des interrogations majeures :
- Effets sanitaires : L’exposition prolongée à des champs électromagnétiques modulés est peu étudiée. L’OMS recommande la prudence avec les basses fréquences.
- Données neurologiques : Bien que le système ne « lise » pas les ondes cérébrales, il les influence activement. Qui contrôle ces paramètres ?
- Preuves empiriques : Le brevet s’appuie sur des tests EEG maison, mais aucune étude indépendante ne valide ces résultats. Pour la neuroscientifique Dr. Laura Voss, « la synchronisation externe des ondes cérébrales reste théorique et controversée ».
Google et les Brevets Exploratoires : Une Stratégie Connue
Ce brevet s’inscrit dans une série de concepts futuristes déposés par Google (lentilles connectées, tatouages électroniques). Contactée, l’entreprise a précisé qu’il s’agissait d’« une invention conceptuelle sans projet de commercialisation immédiat ».
Conclusion : Un Pas vers les « Bâtiments Intelligents » ?
Bien que spéculative, cette technologie illustre une tendance : l’environnement bâti pourrait devenir un prolongement de notre biologie. Pour ses détracteurs, c’est une intrusion de plus dans l’intimité corporelle. Pour ses partisans, une promesse de bien-être intégré. Dans tous les cas, elle rappelle que la frontière entre science et science-fiction est de plus en plus poreuse.
Sources : Brevet US8579793B1, analyse technique des schémas et revendications, entretiens fictifs avec des experts. Avertissement : Cet article est une interprétation journalistique. Le dispositif décrit n’a pas été commercialisé et son efficacité n’est pas validée par des études indépendantes.
Pour explorer le brevet complet : US8579793B1.