
Le Manoir-sur-Seine (Eure) – Léa Ligny, 24 ans, amputée de la jambe droite et atteinte d’une pathologie cardiaque congénitale, vit un cauchemar administratif. Fin février 2025, la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) de l’Eure a notifié à la jeune femme la suppression de son Allocation adulte handicapé (AAH), estimant qu’elle pourrait exercer un emploi à mi-temps. Une décision incomprise, vécue comme une « double peine », qui plonge Léa et sa famille dans l’angoisse.
Un courrier qui tombe comme un couperet
Dans un courrier daté du 25 février 2025, la MDPH de l’Eure reconnaît que Léa présente « des difficultés entraînant une gêne notable dans [sa] vie sociale », mais juge que son handicap « n’interdit pas l’accès ou le maintien dans l’emploi pour une durée supérieure ou égale à un mi-temps ». La jeune femme, qui percevait jusqu’ici 1 016,05 euros mensuels d’AAH – sa seule source de revenus –, se retrouve sans filet de sécurité. « Je n’ai plus rien. On me l’a refusée parce que, pour eux, je peux travailler », déplore-t-elle, épuisée.
Pourtant, son quotidien reste marqué par des défis constants : « Je dois gérer ma prothèse, mon cœur, les rendez-vous médicaux… Et je suis fatiguée en permanence », explique-t-elle. Son rêve de devenir gendarme s’est envolé face à la réalité de son état de santé.
« Sa jambe ne repoussera pas » : l’exaspération d’une mère
Ingrid, sa mère, ne décolère pas : « Quand on est amputé, on l’est pour la vie. Elle est cardiaque de naissance, son cœur n’ira jamais bien. J’espère qu’eux vont lui trouver un travail. Nous, on n’en a pas trouvé parce qu’elle est trop fatiguée. » Un sentiment d’injustice renforcé par la baisse arbitraire de son taux d’invalidité, passé de 80 % à une fourchette entre 50 % et 80 %, sans justification médicale. « Il n’y a rien qui a changé. Je ne suis pas assez handicapée pour eux. Apparemment, je suis normale », ironise Léa.
Cyberattaque et dossier incomplet : l’enfer bureaucratique
Le parcours de Léa illustre aussi les dysfonctionnements des MDPH. Après son déménagement de Seine-Maritime vers l’Eure, le transfert de son dossier a viré au casse-tête. En cause : une cyberattaque survenue en 2022 en Seine-Maritime, ayant rendu inaccessible une partie de ses données médicales. Résultat, la MDPH de l’Eure a exigé un nouveau certificat médical, obligeant Léa à reprendre les démarches depuis zéro. « C’est une galère. Le dossier n’était pas complet, alors j’ai dû tout recommencer », soupire-t-elle.
Une procédure inadaptée ?
La famille dénonce également l’absurdité de devoir renouveler la demande d’AAH tous les cinq ans pour un handicap irréversible. « Sa jambe ne repoussera pas, son cœur sera toujours malade. Mais il faut en refaire tous les cinq ans ! », s’indigne Ingrid. Un système qui, selon elle, ajoute une charge mentale insupportable à des personnes déjà vulnérables.
Léa a déposé un recours, espérant faire infléchir la MDPH. En attendant, elle survit grâce au soutien de ses proches, mais craint pour son avenir : « Sans AAH, comment vais-je payer mes soins, ma prothèse ? ». Son cas relance le débat sur les critères d’attribution de l’AAH, souvent jugés inhumains par les associations.
À suivre sur PRODPRESS.