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C’est une étude choc que la Ligue contre le cancer de Charente-Maritime s’apprête à publier. Elle révèle l’existence de trois nouveaux foyers de cancers pédiatriques en Charente-Maritime, qui s’ajoutent à celui de Saint-Rogatien connu depuis 2017. Les médecins du registre général des cancers du CHU de Poitiers ont agrégé et analysé toutes les données existant pour les moins de 24 ans entre 2008 et 2022, et ils ont découvert deux nouveaux foyers dans l’agglomération de La Rochelle, à Saint-Vivien et à L’Houmeau, ainsi qu’un troisième dans les communes à l’ouest de Saintes.

Une accumulation de situations qui fait réagir Franck Rinchet-Girollet, le porte-parole de l’association Avenir Santé Environnement, créée par des parents d’enfants malades. “On avait le cluster de cancer pédiatrique de Saint-Rogatien, on se rend compte avec cette étude que le problème est bien plus grave que ça, que c’est l’agglomération de La Rochelle et même le département qui sont concernés. Pour nous, ça change la donne, il va falloir passer la seconde”, dit-il en appelant l’État à prendre la mesure de la situation et à agir. “Il n’est plus possible de faire le constat tous les ans, avec des données montrant les excès de cancers pédiatriques, et qu’il ne se passe jamais rien”.

À Saint-Vivien, des parents inquiets se sont précipités à la mairie

Jeudi dernier, la Ligue contre le cancer a communiqué les premiers résultats, lors de la remise de subventions aux chercheurs qu’elle soutient, à la Maison de la Charente-Maritime. Pour les habitants des communes concernées, la découverte qu’un foyer de cancers pédiatriques existait dans leur commune a été un véritable choc.

À Saint-Vivien, “des parents d’élèves sont venus se renseigner à la mairie, une maman d’élèves était en pleurs”, confie le maire Vincent Demester. Il a aussitôt décidé d’organiser une réunion d’information dans les semaines qui viennent avec la Ligue contre le cancer, les chercheurs, les services de l’agglomération de La Rochelle et pourquoi pas l’Agence Régionale de Santé, “si l’État juge qu’il est intéressant d’informer la population”, ajoute-t-il. Il va aussi demander à la CDA de La Rochelle d’installer un capteur pour analyser l’air sur sa commune, comme c’est le cas à Montroy (près de Saint-Rogatien) pour avoir des analyses, au même moment.

Trois communes de l’agglomération rochelaises sont des foyers de clusters pédiatriques

Que se passe-t-il dans l’agglomération de La Rochelle, s’interroge Vincent Demester ? “Il est quand même étonnant que l’on ait des données atypiques sur trois communes de l’agglomération”. Les trois communes se trouvent à proximité à la fois d’une zone d’agriculture intensive, et d’une agglomération urbaine. Comme le porte-parole d’Avenir Santé Environnement, l’élu attend maintenant que la CDA, qui s’est saisie du sujet il y a quelques années déjà, passe à la vitesse supérieure. “On est tellement prudents, on fait attention aux équilibres économiques, dans un état d’esprit où il ne faut froisser personne ! Si on traitait le sujet par la santé, on aurait peut-être une approche un peu plus volontariste”.

L’État doit aussi prendre sa part, selon Franck Rinchet-Girollet, le porte-parole d’Avenir Santé Environnement. “Pourquoi l’État ne finance-t-il pas ces recherches, ces extractions de données”, comme ce que le registre général des cancers de Poitiers a fait ? “On a besoin d’un registre territorialisé qui soit un outil d’alerte et ça devrait clignoter chaque fois qu’on a une sur-incidence de cancers” et que des recherches soient systématiquement engagées sur l’environnement. “Qu’on arrête de laisser les parents se démener pour essayer de comprendre si l’environnement a joué un rôle sur l’apparition de ces maladies”. 24% des départements français seulement disposent d’un registre général des cancers. Le président départemental de la Ligue contre le cancer plaide pour une généralisation à l’échelle de chaque département.

L’État a répondu à la demande d’Avenir Santé Environnement en octobre dernier. Le préfet de Charente-Maritime a saisi d’une “mission de conseil” la Commission Nationale du débat public, après qu’une étude lancée par l’association Avenir Santé Environnement a montré la présence de pesticides sur les cheveux et dans l’urine des enfants de Saint-Rogatien et alentour. La commission a auditionné associations, élus et toutes les parties prenantes. Son rapport est attendu dans les semaines qui viennent.

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